Après avoir lancé sa Logan en Inde cette semaine (lire
Libération du 5 avril), le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a laissé entendre que son groupe envisageait de fabriquer une voiture encore moins chère pour le marché indien.
«Pour faire du volume en Inde, nous devrons étudier la possibilité de vendre une voiture à 3 000 dollars, peut-être même 2 000 dollars», a-t-il déclaré au cours d'une rencontre avec la presse indienne, mercredi, lors de la visite de la nouvelle usine Logan, construite en partenariat avec le groupe indien Mahindra & Mahindra. Une annonce spectaculaire, puisque l'actuelle Logan de Renault coûtera tout de même 7 500 euros minimum sur le marché local.
«La question est : comment fait-on une voiture low cost,
tout en continuant à faire du profit ?» a poursuivi Carlos Ghosn. Réponse :
«Ce sera très, très difficile sans une association avec un partenaire indien. [...] Pourquoi réinventer la roue quand elle existe déjà ?» Et de vanter la
«frugalité» des ingénieurs indiens, qui ont déjà permis d'économiser 15 % du prix escompté pour la construction de l'usine, qui va sortir la Logan indienne sur un rythme de 50 000 unités par an. Manifestement satisfait de ce résultat, Carlos Ghosn a évoqué la possibilité d'un nouveau partenariat avec Mahindra, sans pour autant écarter d'autres constructeurs locaux.
Prix symbolique. Derrière cette annonce inattendue, mais qui reste encore de l'ordre du projet, se cache la promesse de Tata Motors, filiale du groupe Tata, de sortir ces prochaines années une «voiture du pauvre» au prix symbolique de 100 000 roupies, soit environ 1 800 euros.
«C'est une prise de conscience, souligne Sylvain Bilaine, directeur général de Renault India.
Quand des gens aussi sérieux que Tata annoncent un tel projet, on sait qu'ils vont le faire. Ça ne peut pas nous laisser indifférents. Renault ne peut pas ne pas réagir. Il est logique qu'on demande à nos ingénieurs de regarder ce que pourrait être un tel produit .» Surtout quand l'industrie automobile occidentale est aujourd'hui sous pression en raison notamment de l'augmentation du prix des matières premières, du renforcement des normes environnementales de plus en plus coûteux, et d'un marché européen poussif.
Confrontée à une situation particulièrement difficile en France (ses ventes ont encore chuté de 13 % en mars), Renault semble donc vouloir mettre le paquet sur les marchés émergents. Or, avec une croissance de 10 % à 15 % ces dernières années, le marché automobile indien est l'un des plus performants de la planète, avec une marge de croissance colossale dans les décennies à venir.
Pièces détachées. Afin de contourner les droits de douanes, toujours élevés, la plupart des grands constructeurs internationaux ont d'ailleurs implanté des usines ces dernières années, profitant au passage des faibles coûts de productions et de la possibilité d'acheter localement des pièces détachées de qualité. Plus de la moitié des pièces de la Logan
«made in India» ont d'ailleurs été référencées localement, une proportion qui devrait augmenter dans les années à venir. Mais de là à sortir une voiture à moins de 3 000 dollars, il y a toutefois un gouffre... même en Inde.
Source:
www.liberation.fr